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Quand la ville se prend aux Jeux – Le Livre

Quand la ville se prend aux Jeux – Le Livre

Concevoir des microarchitectures sportives dans l’espace urbain – Mini Maousse 9
Collectif sous la direction de Fiona Meadows

Le sport est sûrement l’un des enjeux majeurs du XXIe siècle pour des questions évidentes de bienêtre et de santé publique. Le temps des J.O. doit permettre de découvrir de nombreuses disciplines, de donner l’envie de les pratiquer, de comprendre leurs bienfaits au niveau de la santé physique et mentale, et d’inculquer à travers elles des valeurs civiques. Mais pour vivre les Jeux, il faut pouvoir les voir, ce qui n’est pas donné à tout le monde ! Avec son nouvel intitulé, « 2024, les jeux en ville : concevoir une mini-fan-zone nomade », la 9e édition du concours Mini Maousse lance le défi d’imaginer des microarchitectures urbaines de proximité, lieux conviviaux et familiaux autour d’un module multifonction qui proposera des activités physiques, des équipements pour les exercer et des espaces pour se détendre. Les projets en lice illustreront, chacun à leur manière, le thème du design actif, cette nouvelle approche urbaine et architecturale permettant d’identifier des stratégies spatiales pour favoriser un mode de vie physiquement actif dans l’espace public.

ET SI NOS VILLES NOUS GARDAIENT EN BONNE SANTÉ ?
Par Nicolas Lovera, ceo Playgones

Et si l’urbanisme, à travers le design actif, pouvait aider à prévenir les épidémies d’obésité et de maladies cardiovasculaires? Un défi majeur de nos sociétés modernes consiste à lutter contre la sédentarité et l’explosion des maladies chroniques, telles que le diabète, les affections respiratoires ou les cardiopathies. Intégrer l’activité physique et l’accès à une alimentation saine dans la vie quotidienne permet de répondre à ces enjeux.

Selon la définition qu’en donne l’OMS , depuis sa constitution en 1948, la santé est « un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité». Elle est donc étroitement associée à la notion de bien-être. Or, un aménagement favorable des villes contribue à atteindre ce bien-être complet, en prenant en compte la santé dans sa globalité. C’est dans ce cadre que peut intervenir le design actif, défini comme « une approche du développement urbain qui identifie des stratégies en aménagement du territoire, urbanisme, design urbain et architecture pour soutenir des collectivités en santé, et plus spécifiquement pour favoriser un mode de vie physiquement actif. Imbriqué dans l’approche des environnements favorables aux saines habitudes de vie, le design actif vise à aménager et à concevoir l’espace pour faciliter les choix sains?

La situation est critique et une crise sanitaire d’une envergure exceptionnelle se profile. Nous sommes face à un défi énorme, celui de mettre nos populations en mouvement pour les maintenir en bonne santé. Dessiner la ville pour pouvoir y bouger est donc une solution afin d’augmenter le taux quotidien d’activité physique. Il faut pour cela créer des environnements favorables à l’activité physique et en faciliter l’accès, notamment par un dialogue entre les secteurs de la santé, du transport, de l’architecture et de l’urbanisme. C’est ça, le design actif.

L’environnement influence l’activité physique. Les milieux de vie ont un impact sur notre santé, et leur design influence les choix individuels en matière d’activité physique. Ils peuvent faire bouger ou bien ancrer dans la sédentarité. Le design actif est un modèle, un concept d’architecture et d’urbanisme bienveillant, qui invite à bouger sans s’en rendre compte et qui repose sur des bases telles que se déplacer, se dépenser, jouer ou encore se rencontrer.

Des principes issus du design actif ont été élaborés pour inspirer et accompagner l’aménagement des villes, villages, quartiers, bâtiments, rues et espaces en accès libre, afin de promouvoir le sport, l’activité physique et les modes de vie actifs. Ces principes peuvent être appliqués sous différentes formes, sur différents aménagements, et s’ils dépendent fortement du contexte et ne sont donc pas forcément toujours applicables, leur prise en compte permet de maximiser la réussite d’un aménagement attractif et actif. Nous allons en définir certains.

Intégrer une activité physique dans son quotidien s’acquiert dès le plus jeune âge. La motricité ne se développe pas naturellement, elle doit être stimulée et encouragée. Enfants, adultes et séniors doivent avoir la possibilité de développer la motivation, la confiance, la compétence physique, les connaissances et la compréhension nécessaires qui leur permettront de mener un mode de vie actif tout au long de leur existence.

Il convient de promouvoir l’importance de l’activité physique comme un moyen d’améliorer la santé et le bien-être. L’objectif est de permettre à tous et toutes d’être actifs, tout en encourageant ceux qui sont inactifs à le devenir, sans distinction d’âge, de culture, de sexe ou de capacité. Être actif au quotidien doit être intégré dans toutes les communautés et dans tous les aspects de la vie. Des dispositions spécifiques doivent être prises pour encourager aussi les personnes avec un handicap à être actives. Il ne faut pas penser à des équipements neutres, il faut penser à des équipements mixtes.

Communiquer sur le sport, c’est mettre en avant les champions locaux, comme faire découvrir aux usagers les lieux de pratiques indoor, outdoor, mis à disposition en accès libres dans la ville.

appel à projet fresques sportives

LE CONCEPT DE VILLE DU QUART D’HEURE ET LE MULTI-USAGE

Les équipements tels que les magasins, les installations sportives, les écoles et les espaces ouverts peuvent rapprocher les habitants et renforcer les communautés. Ils doivent être facilement accessibles, et il est nécessaire de créer les conditions d’un déplacement actif entre les différents lieux. La marche et le vélo sont à privilégier par rapport aux autres modes de transport, car ils offrent la possibilité d’être actif dans la vie de tous les jours. Leur attrait est influencé par la distance, la nature et la qualité d’un itinéraire, sa convivialité et sa sécurité.

La combinaison d’activités ludiques et sportives est à rechercher. Lorsque cette approche est adoptée, le risque de conflit entre les activités doit être pris en compte en amont. À cet égard, les installations pour la pratique ludique et sportive doivent être appropriées et être placées stratégiquement.

Des rues et des espaces bien conçus permettent d’accueillir et de soutenir une plus grande variété d’utilisateurs et d’activités communautaires. Il est largement démontré que l’interaction sociale revêt d’importants avantages pour la santé, tant physique que mentale. Lorsqu’il s’agit d’améliorer ou de créer un espace public, il convient de prendre en compte la dimension, la fonction, la disposition et d’en maximiser la conception pour attirer le plus grand nombre et la plus grande diversité d’utilisateurs. La présence d’espaces verts en milieu urbain (parcs, jardins, aires de sport ou de loisir, etc.) est associée à de multiples bienfaits pour la santé et le bien-être. Ils contribuent entre autres à l’augmentation de la pratique d’activité physique dans la population.

FAIRE DE LA RUE UN LIEU DE VIE, UN TERRAIN DE JEUX

Il faut que tous les efforts soient mis en œuvre pour que la « rue» devienne ou redevienne un «lieu» de vie, de rencontre et de socialisation. La rue doit être pensée comme un espace de rencontre et d’activité, elle doit notamment être sécurisée pour que les enfants puissent s’y balader, y jouer, s’y déplacer. Il est important d’y donner la priorité aux piétons et aux cyclistes.

Les utilisations informelles des rues, comme « les rues aux enfants» et « les rues aux écoles», doivent être soutenues et encouragées. Jouer dehors est devenu un luxe. Les changements de mode de vie, la ville, le sentiment d’insécurité sont autant de facteurs qui nous poussent à sécuriser au maximum nos actions et celles de nos enfants. En 2002, la Commission européenne

indiquait dans son rapport «Kids on the Move » que les enfants qui utilisent la rue comme terrain de jeux jouent plus longtemps et mieux, et d’ajouter que, dans un environnement non dominé par la voiture, les enfants peuvent profiter pleinement de l’exercice physique et psychosocial qu’est le jeu®

PROPOSER DES ÉQUIPEMENTS APPROPRIÉS

Les infrastructures permettant la pratique sportive et l’activité physique doivent être disponibles partout et pour tous, y compris sur les lieux de travail et dans les espaces publics afin de faciliter toutes les formes d’activité.

Il est important d’intégrer à ces espaces les commodités telles que les sanitaires, les points d’eau, les garages à vélos, à trottinettes et à poussettes, les vestiaires, les bornes wifi, les abris.

Ce sont autant d’éléments qui donnent envie de participer à une activité physique.Il est important aussi d’impliquer les usagers dans la conception des espaces et des installations, pour que ceux-ci soient acceptés et respectés: la concertation est un outil de la réussite d’un bon aménagement design actif.

L’aménagement des bâtiments peut aussi influencer la pratique d’activité physique quotidienne, contribuer à soutenir et à encourager des modes de vie actifs, notamment sur le lieu de travail.

L’aménagement intérieur peut favoriser par exemple l’utilisation des escaliers en les mettant en évidence, en les rendant faciles d’accès et attrayants. Les déplacements actifs peuvent y être encouragés en fournissant des espaces appropriés et sécurisés, des casiers, des douches et des vestiaires, des liaisons avec les voies piétonnes et les pistes cyclables. Les espaces et les installations doivent offrir un environnement sûr et agréable et être suivis, entretenus et maintenus dans un état qui permettra d’assurer leur attractivité et leur modularité si besoin.

Les équipements ludico-sportifs sont des outils pour parvenir à lutter contre les effets de la sédentarité. Playgones travaille à rendre accessible, pour tous et partout, l’activité physique en intégrant la notion de jeu dans ses réalisations. Le design actif permet d’inscrire les pratiques ludico-sportives dans la ville, au plus près des usagers, pour stimuler et encourager leur activité.

L’Agence nationale des territoires, Paris 2024 et l’Agence nationale du sport, qui participent au déploiement sur nos territoires des pratiques ludiques et sportives, intègrent à présent le design actif dans leurs politiques d’accompagnement. Les villes s’interrogent de plus en plus sur cette question, demandent des formations, des conseils, de l’accompagnement. Chaque sujet doit avoir une réponse appropriée et être pris dans un ensemble, avoir une cohérence à l’échelle d’un territoire, d’un quartier.

Bravo au collectif sous la direction de Fiona Meadows de Cite de l’architecture et du patrimoine, avec les interventions et focus sur : Playgones, Thibaut Aymonin, Oona Farrell, Jean Marc HUITOREL, Nicolas Lovera, Jonathan Politur, Thomas Riffaud, Laurent Perbos, Anne Lagune, Atelier 360°, IPitup vzw, Parklife, White Arkitekter, One Bite Design Studio, SPECTRUM Architecture, Romain Froquet, STUDIO NONCOMMUN, Benedetto Bufalino, Romain PELLAS, Marie Denis, Keingart Space Activators, studio dmau, Le Voyage à Nantes, Nicolas LELIEVRE, PinPin STUDIO, Alexandre Moronnoz, Piano B Architetti Associati, Stephane Ashpool, 100architects, leku studio,