Playgones : faire de la ville un gigantesque terrain de sport
Alors que Paris 2024 approche, la question de l’héritage olympique prend de l’ampleur. Aménageur ludique et sportif, Playgones conçoit des lieux de pratique sportive en accès libre dans la ville. Objectif : inciter les Français à se (re)mettre au sport
Propos recueillis par Baptiste Roux Dit Riche, extrait du magazine Objectif Métropoles de France, numéro 19 – Octobre 2023
Le 9 septembre 2024, la parenthèse sera refermée. Sans doute un peu mélancolique, l’Hexagone se réveillera au lendemain de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques. Sera-t-il devenu une grande nation sportive ? Pas si sûr… « C’est une question complexe », nuance Nicolas Lovera, CEO de Playgones et expert en Design actif. « La France ne va pas forcément devenir un grand pays de sport en un seul été olympique. Un tel changement d’échelle demande plus de temps et des efforts conséquents, notamment en matière d’apprentissage et d’accessibilité aux équipements sportifs. En revanche, je suis persuadé que les Jeux vont être non seulement un événement fantastique, mais qu’ils peuvent aussi servir de rampe de lan-cement pour développer la pratique sportive partout en France. »
Un nouveau positionnement
Un nouveau positonnement incarné par un nouveau patronyme qui associe donc Play (en référence au jeu) et Gones (le surnom donné aux enfants lyonnais, cité berceau de l’entre prise). Au quotidien, Playgones accompagne donc les collectivités locales, les entreprises ainsi que les bureaux d’architectes et de maîtres d’œuvre dans leurs projets d’aménage-ment. Il s’agit à la fois de les conseiller, de leur fournir le matériel et les équi-pements nécessaires à la pratique spor-tive tout en répondant aux critères de design, de sécurité et de qualité de l’époque.
« Nous devons tous apprendre à bouger. Notre population est vieillissante et de plus en plus sédentaire. Le sport doit de-venir une pratique courante pour permettre à la population d’être en meilleure santé. C’est-à-dire mieux vivre et vivre plus longtemps. » Nicolas Lovera, CEO de Playgones
Changer les règles du jeu
La spécialité de la maison ? Bousculer les habitudes parfois poussiéreuses de l’univers sportif. À l’image du concept des pumptracks modulaires que Playgones a récemment livrés aux communes de Breuillet (91), La Veuve (51), Villabé (91) ou Pont d’Ain (01). Ce type d’espace propose en un seul lieu la pratique de différentes disciplines (skateboard, BMX, roller) ain-si qu’une multitude de challenges comme la course chronométrée, l’équilibre et le freestyle. Un format éligible au financement prévu par le plan « 5 000 équipements de proximité » porté par l’Agence nationale du Sport. Outre leur accessibilité, les solutions conçues ou installées par Playgones se caractérisent également par leur facilité d’intégration, technique comme esthétique. « Selon nous, plus l’équipe-ment est beau et ludique, plus il donne envie de pratiquer, poursuit Nicolas Lovera. En ce moment, nous déployons un concept intitulé ‘‘Les Murs Actifs’’. Il s’agit d’aires de jeux aux peintures sur-prenantes qui offrent une parenthèse de divertissement au cœur de la ville. »
On retrouve également cette idée de joindre le beau et l’utile dans les sculptures en bois MoveART imaginées par le designer Norbert Roztocki. « Nous en sommes le distributeur français, souligne le CEO de Playgones. Ce type de réalisation combine l’activité physique – sauter, bouger ou courir – au plaisir de la convivialité et de la rencontre. » Les habitants de Luzy (58) peuvent en témoigner : leur commune vient juste-ment de faire l’acquisition d’une sculpture « active » du designer suisse.
Le sport, un enjeu de société
En cassant l’image d’équipements sportifs uniquement tournés vers la performance, Playgones défend une vision ambitieuse dans laquelle le sport en ville apporte des réponses aux problèmes de notre époque. À commencer par la sédentarité et ses effets sur la santé. « Nous nous sommes emparés de la notion de ‘‘littératie physique’’. Elle désigne l’apprentissage du ‘‘savoir bouger’’. D’abord apparue au Canada, elle se diffuse désormais dans le monde entier. L’enjeu consiste à banaliser l’ac-tivité physique et sportive, avec comme objectif d’en faire une habitude et d’en développer le côté inclusif. »
Il y a urgence : un Français sur deux déclare ne jamais pratiquer d’activité sportive contre un sur dix en Finlande. Pour inverser cette tendance, les équipements doivent recevoir toutes les populations et pas seulement les plus sportives. Les espaces colorés, atypiques et fonctionnels de Playgones (toilettes, casiers…) ciblent notamment les enfants happés par les écrans, mais également les seniors et les jeunes femmes, encore trop rares sur les terrains. « Notre philosophie, c’est de mettre en avant l’importance du sport dans la société en tant que vecteur d’émancipation individuelle, de santé, d’intégration sociale et d’épanouissement personnel », conclut Nicola Lovera. Non sans livrer ses pronostics pour l’été prochain : « J’aimerais que la France se classe dans le top 5 des nations olympiques et dans le top 10 des paralympiques. Cela créerait une dynamique en faveur de la pratique sportive. Évidemment, j’espère aussi des médailles d’or françaises dans ma discipline de cœur : le handball. »
Rendez-vous début septembre 2024 pour vérifier sa prédiction.
Playgones en bref :
– Date de création : 1975
– Siège social : Rochetoirin (38)
– Dirigeants : Nicolas Lovera et Bertrand Beroud
– Chiffre d’affaires : 7,2 millions d’euros en 2022
– Nombre de collaborateurs : 35
– Clients emblématiques : les villes de Paris, Lyon, Saint-Dizier, Bordeaux, Vesoul, LOSC, Décathlon, Colas, Total, Unibail-Rodamco-Westfield
– Marques : Archiplay (expertise), Ludiplay (aires de jeux), Sportplay (équipements et aménagements sportifs), Urbanplay (sports urbains en accès libre), Techniplay (installation), Renoplay (rénovation)